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Analyse

ELECTIONS EUROPEENNES. Cinq lignes de fracture. 2 - L'abstention frappe au Nord.

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publié le 15 juin 1999 à 23h33

L'abstention reste en grande partie un mal mystérieux que les Etats

ne savent pas soigner, une sorte de langueur démocratique. Il est alors paradoxal qu'elle frappe d'abord les modèles de démocratie que sont les Etats nordiques, et surtout l'Angleterre et la Hollande qui furent le berceau des libertés modernes à l'époque de John Locke. Au contraire, les pays où le souvenir des dictatures demeure encore frais, l'Espagne de Franco et la Grèce des colonels, battent des records d'affluence dans leurs bureaux de vote. Plutôt qu'une lassitude de la démocratie, ne serait-ce pas l'indication d'une hiérarchie des choix. Pour le néophyte de la démocratie, toute élection est bonne à prendre comme toute nourriture pour celui qui a souffert de la faim. Au contraire, pour celui qui est né dans un pays de longue tradition démocratique, le goût s'est affiné et certaines élections sont plus appréciées que d'autres.

Il est pourtant un peu triste de constater que pour les pays les plus soucieux des libertés de leurs citoyens, l'Europe exerce un moindre attrait. Les scandales récents de l'administration bruxelloise ont peut-être semé le doute chez les démocrates les plus rigoureux qui peuvent craindre un relâchement. Dans les pays moins sourcilleux sur les procédures démocratiques, au contraire, l'Europe continue de porter l'espoir d'une amélioration des libertés citoyennes. Pour les uns, elle est devenue moins pure, pour les autres, plus humaine. C'est ainsi qu'on apprend à vivre en commun, peut