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Libération

EMPLOI. L'entreprise à l'ère des euro-trotters. A donis au volant d'un bus. A la RATP, ce Grec est un chauffeur comme un autre.

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publié le 21 juin 1999 à 23h09

Quand, avenue des Champs-Elysées, des touristes grecs montent dans

le bus 87, l'envie de les interpeller démange toujours Adonis Tzislakis. «J'imagine leur étonnement s'ils apprenaient que, sous la casquette du conducteur de bus, se cache un Grec. Comme eux.» Devenir machiniste à la RATP? Lui-même n'y avait jamais songé avant de tomber, un soir de 1992, sur une annonce de recrutement placardée dans le métro. Il postule tout en redoutant un refus en raison de sa nationalité grecque. Mais l'Europe est passée par là: la Régie vient d'ouvrir ses rangs aux ressortissants communautaires. Ce sera sa «chance». L'opportunité, enfin, de quitter la cuisine du restaurant grec où il trime depuis cinq ans. C'est le seul emploi que ce diplômé d'agronomie a trouvé à son arrivée dans la capitale en 1987.

«Je ne parlais pas un mot de français. Je débarquais de l'île de Lesbos pour rejoindre mon amie parisienne», se souvient Adonis. Qui a alors, d'emblée, abandonné l'idée de faire reconnaître son diplôme grec.

«Il y avait ces problèmes de langue. Sans compter qu'il aurait fallu repasser des tests.» Trop long. Trop aléatoire. A la RATP, il n'a pas rencontré ce problème. Pour être machiniste, le seul diplôme exigé est le permis de conduire, la Régie prenant en charge la formation. Mais, comme les candidats français, il lui a fallu prendre son mal en patience. «Il s'est écoulé presque deux ans entre le moment où j'ai déposé ma candidature et celui où j'ai passé les entretiens d'embauche. Les pro