Aux standards des ministères, c'est partout la même réponse:
«Combien d'Européens nous employons ici? Personne ne nous a jamais posé cette question. Qui peut vous renseigner? Ah, je l'ignore, attendez, je cherche.» Quelques erreurs d'aiguillage plus tard, un fonctionnaire au parfum finit par admettre: «Nous ne savons pas.» Si le secteur privé s'est mis au brassage des cultures, l'administration française l'a admis dans ses textes, cela ne s'est pas franchement traduit dans la réalité. En théorie, le statut général des fonctionnaires a été modifié en 1991 pour autoriser l'intégration de ressortissants européens. Il a cependant fallu attendre les décrets d'application puis la mise en place de commissions ministérielles chargées d'apprécier les niveaux des diplômes des Européens candidats aux concours d'accès" Huit ans plus tard, la possibilité pour un Européen de postuler à un emploi public en France est acté dans 70% de la fonction publique: enseignement, secteur hospitalier, recherche, fonction territoriale. Seuls les emplois relevant de «l'exercice de la puissance publique», donc les postes de diplomates, militaires, policiers, juges ou inspecteurs des impôts, restent réservés aux nationaux.
Goutte d'eau. Sauf que, dans les faits, l'européanisation des effectifs en est encore au stade préhistorique. Dans l'Education nationale, où dit-on, elle progresse le plus, 1 500 ressortissants de l'Union, Britanniques, Allemands, Espagnols et Italiens pour l'essentiel, sont enseignants