Dans son bureau de la caserne Battesti d'Ajaccio, un crucifix, un
portrait de De Gaulle et une photo, en tirage poster, de l'arrestation d'un violeur. Bertrand Cavallier, 42 ans, est ainsi fait. Le regard fixe, les cheveux très courts, un militaire pur jus. Pendant des années, il fut un proche de Bernard Bonnet. Dans les Pyrénées-Orientales, déjà. Puis en Corse, où il deviendra l'un des concepteurs du GPS. Jusqu'à ce que Bonnet lui préfère le colonel Mazères et le mette sur la touche. Le clash entre Bonnet et Cavallier a lieu le 25 avril 1999. Depuis plusieurs semaines, le gendarme s'est opposé au plan antipaillotes. Mais cette fois, c'est trop. Chez Francis a brûlé. A 15 heures, il se rend chez Bonnet, un magnéto planqué sous l'uniforme. La conversation dure «une dizaine de minutes». Selon l'avocat de Bernard Bonnet, elle est «filandreuse», «inaudible». Pour d'autres, elle est sans appel. On y entendrait Bonnet dire à son ancien ami: «Ils ne peuvent pas monter très haut. Ils peuvent peut-être à la limite toucher mon voisin (Gérard Pardini, chef de cabinet, ndlr) et encore, par ricochet, ce n'est pas dit; toutes les précautions ont été prises.» Le préfet évoquerait aussi l'incendie d'une autre paillote, l'Aria Marina. Et finirait par ces mots: «J'ai parlé de vous à Matignon, vous êtes promis à un brillant avenir.» Avec raison. Comme prévu avant l'affaire, Cavallier a été muté à Paris en juin. Dans l'intervalle, il est allé deux fois parler au juge Cambérou, la bande sous le