«Tu sais, Paul? J'aurais besoin de te voir, là"» Bien évidemment,
c'était une voix que je connaissais, puisque bien peu détiennent mon numéro. Et, pour ce type-là également, je m'appelais Paul.
Bien sûr, répondis-je à tout hasard.
Ouais. C'est un truc, je me suis dit qu'à toi je pourrais expliquer; et que tu comprendrais, quoi. Que ça ne te ferait pas rire.
C'était agaçant de ne pas parvenir à mettre un nom sur cette voix. Et de quoi est-ce que je ne rirais pas?
T'es bien toujours dans ta ferme, là, à" Morienval. Au-dessus de Morienval en allant vers Compiègne.
C'est ça. Ce qu'il y a, c'est que je n'ai pas de caisse, en ce moment" Qui était-ce, bon dieu? Une grande fatalité occupa mon esprit: Je peux aller te chercher à Compiègne, à la gare. En changeant à Creil, tu as un train qui t'y met à 17 h 55.
Ah oui. C'est vrai que, toi, tu connais toujours les détails.
En plus, paraissait me prendre pour un con de mémoriser les horaires de la SNCF" A tout à l'heure.
Maintenant, je le regardais, installé dans le canapé de cuir, lui-même installé devant le feu que j'avais installé dans l'âtre, etc. Il s'appelait Jean-Félix Douderiaux. De ce fait, il répondait au sobriquet parfaitement grotesque de «Doudou», ce qui, lorsqu'on connaissait la profession de ce jeune homme d'une trentaine d'années, confinait au ridicule, vu que cet homme-là était ni plus ni moins qu'essentiellement tueur à gages.
Ce n'est que par hasard que je l'avais su. Avec lui et deux autres, nous avions vidé que