Menlo Park, envoyé spécial.
«Non, nous ne sommes pas en train de cloner des êtres humains!», assure Gregg Morin. «Tout le monde ici est contre du point de vue moral. De toute manière, ça ne serait pas viable commercialement"» Le Dr Morin, directeur du laboratoire de recherches de biologie et chimie moléculaires de la Geron Corporation, sait que sa société évoque dans l'imagination populaire le château du baron Frankenstein. «La culture d'embryons prépare la production industrielle d'êtres humains», claironnait à la une, le 14 juin dernier, le Washington Post, qui citait la Geron comme un des deux laboratoires américains dont «des chercheurs ont entrepris sans faire de bruit de créer la première série d'embryons humains clonés». Geron (qui a acquis en mai la Roslin Bio-Med, la société du Dr Wilmuth, «père» de la première brebis clonée, la célèbre Dolly) a démenti l'information. Reste que depuis sa création en 1992, la Geron fait régulièrement les gros titres des médias.
Le culte de la beauté. «C'est la nature de nos recherches qui attire l'attention des médias», estime le Dr Morin, 40 ans, dans son modeste bureau dont la seule décoration sont des dessins et photos d'enfant ceux de sa petite fille. Mais si Geron se défend de cloner des embryons humains, la centaine de chercheurs de Menlo Park travaillent sur ce que les publicités de la société elle-même appellent «l'enzyme de l'immortalité». Normal que ce soit en Californie, où le culte de la beauté physique jeune, saine et a