Le renversement de situation est formidable. Célèbre dans les années
20, Tina Modotti est restée oubliée pendant près de quarante ans. Sauf au Mexique, où aussi bien Manuel Alvarez Bravo, le grand photographe national que Graciela Iturbide, ont revendiqué l'héritage de celle qui, en sept ans seulement, a inventé une nouvelle manière de faire des images.
Histoire «officielle». Ailleurs, c'est en Italie, son pays d'origine, qu'a commencé la redécouverte. Un peu par hasard. En 1971, à Udine, dans le Frioul où elle est née, on honore les gens du pays qui ont combattu Franco pendant la guerre civile. Vittorio Vidali, un vieux dirigeant du PC italien, qui a été dix ans le compagnon de Tina Modotti vient raconter, à sa façon, comment, après avoir été une grande photographe, elle a été une combattante antifasciste de première ligne. Deux ans plus tard, un livre en est tiré, intitulé Tina Modotti, Garibaldina e artista.
En 1975, une Américaine, Mildred Constantine, qui a rencontré Modotti à Mexico, quelques mois avant sa mort en 1942, écrit une première biographie bourrée d'erreurs et de romantisme: Tina Modotti, A Fragile Life. Quatre ans plus tard, Vidali et sa proche collaboratrice, Maria Caronia, publient une histoire «officielle», à cheval sur l'engagement communiste de Modotti et muette sur les crimes staliniens auxquels elle (et a fortiori Vidali, agent soviétique de haut niveau) a été mêlée.
En 1983, une double exposition Frida Kahlo-Tina Modotti est organisée à Londres (Whitecha