Fille d'ouvriers du Frioul, dans le nord-est de l'Italie, Tina
Modotti émigre en 1913, à 17 ans, en Californie. Elle y trouve l'amour avec le poète et peintre Roubaix de l'Abrie Richey, dit Robo, fréquente la bohème artiste et devient actrice. Entre 1919 et 1922, elle joue dans trois films à Hollywood. Tout semble aller pour le mieux, mais Robo meurt au Mexique.
Février 1999. La Casa de America, au centre de Madrid, à quelques pas du musée du Prado, présente «Mexicanidad», une exposition organisée par la George Eastman House de Rochester: une soixantaine de tirages de photos magnifiques prises entre 1923 et 1927 par Tina Modotti et Edward Weston. Il y a notamment ce cliché saisi au printemps 1924, pendant la semaine sainte, à Tepotzotlan, dans le nord du Mexique. Modotti y a inscrit la silhouette de Weston dans un ensemble géométrique constitué par la fenêtre et le mur du couvent où ils logent. Cette première trace signée prouve que l'ancienne actrice du cinéma muet est très vite devenue une vraie photographe.
«L'amour libre». Quand ils séjournent à Tepotzotlan, cela fait trois ans que l'actrice et le photographe vivent une relation amoureuse, charnelle mais aussi intellectuelle et artistique. Natif du Middle West, exactement de l'Illinois, un peu perdu à Los Angeles et complexé par son manque de culture, Weston a été attiré par le groupe sophistiqué dans lequel évolue l'immigrée italienne: «Ils avaient tous beaucoup lu, écrit-il dans son journal. Ils savaient parsemer leur co