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Ababacar Diop. L'ancien porte-parole des sans-papiers de Saint-Bernard s'est rangé.

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publié le 28 juillet 1999 à 0h04

Des papiers, un travail et un beau bébé. Deux ans après sa

régularisation, le destin d'Ababacar Diop, porte-parole superstarisé des sans-papiers de Saint-Bernard, se fond dans celui de tous ses semblables, les immigrés enfin intégrés: la famille Diop a déménagé, a donné une soeur à Fatou, leur première fille née peu après l'évacuation à la hache de Saint-Bernard et Ababacar a retrouvé son métier d'informaticien. «Très bien payé», précise-t-il sans fatuité ni gêne. La France, le monde aussi, avaient découvert le jeune Sénégalais, il y a 3 ans, sur le parvis de l'église parisienne, dans la chaleur de l'été 1997 et du mouvement des sans-papiers. On le disait alors raisonnable et fin négociateur. Mais, à entendre aujourd'hui sa voix posée et douce, on mesure son angoisse d'alors et ses efforts pour la dissimuler. La fébrilité et la véhémence du ton ont disparu, comme ces petites provocations qu'il affectionnait tant dans ses contacts avec les hommes politiques: arriver en retard à un rendez-vous, se déguiser en «bon nègre» du temps des colonies, prétendre n'avoir pas un centime en poche et se faire payer un café par un directeur de cabinet en face d'un ministère. C'est ainsi, au sortir d'une marche de 500 kilomètres à travers la France, qu'il avait arraché à un Jospin fraîchement débarqué à Matignon et encore conciliant, la régularisation des sans-papiers.

Aujourd'hui, Diop s'énerve de ces promesses non tenues et regrette d'avoir abandonné «la lutte» à mi-course. «Mais je ne pouva