Los Angeles, envoyé spécial.
Sur les étagères de son bureau encombré au 6e étage du Norris Cancer Center, le Dr W. French Anderson a placé plusieurs photos d'une gamine joufflue et souriante. Ashanthi DeSilva, 12 ans, est la preuve vivante que la «quatrième révolution» de la médecine, (après l'hygiène de base, la chirurgie sous anesthésie et la vaccination) a commencé, et qu'elle triomphera au XXIe siècle. Le Dr Anderson est considéré comme le «père de la médecine génétique» depuis qu'il a inséré un gène «sain» dans les cellules immunitaires déficientes d'Ashi, pratiquant sur elle la première opération de «chirurgie génétique» de l'histoire et la sauvant d'une mort certaine. L'intervention, effectuée en 1990, a démontré qu'il est possible de soigner une maladie «à la racine», en remplaçant dans les cellules «somatiques» (c'est-à-dire adultes et spécialisées) les gènes qui la provoquent ou la favorisent, comme on change une pièce défectueuse dans une machine.
«Usine à bébés». A présent, le Dr Anderson prépare la nouvelle étape de sa «révolution». L'an dernier, il a annoncé vouloir procéder d'ici deux ou trois ans à des interventions génétiques sur le bébé in utero. «Je suis pédiatre», explique-t-il. «Il existe des maladies génétiques, celle de Tay-Sachs par exemple, qui provoquent des dommages irréversibles dans les premières semaines du développement du foetus. On ne peut pas attendre la naissance pour intervenir dans ces cas-là" ["] J'ai été submergé de messages électroniques