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Le palmier nonchalant d'Auteuil.

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publié le 29 juillet 1999 à 0h05

L'hiver à Paris, il y fait trop froid pour l'olivier ou le chêne

vert, trop pollué pour les conifères: sous un ciel «couleur d'aile d'avion», les arbres en dormance tordent avec monotonie leurs branches dégarnies. Une vive envie de verdure pousse alors le promeneur vers les quelques serres de la ville où des arbres en cage gardent l'écho d'autres soleils nés sous d'autres horizons. Les palmiers sont assurément les rois de ces forêts synthétiques.

La fascination pour les palmiers est ancienne: au XIXe siècle, les plus grandes serres ont pris le nom de «palmarium», tout simplement parce qu'on y logeait le plus communément ces végétaux d'un genre nouveau, et tout particulièrement des exemplaires de palmiers des Canaries, tel celui qui trône à la place d'honneur sous la verrière d'Auteuil. Comme toujours dans une serre, l'absence de tout souffle d'air lui donne une étrange immobilité. Impassible donc, ce palmier canarien contemple sempiternellement les carpes japonaises qui jouent dans un bassin à ses pieds.

Il ne faut pas trop s'étonner si la silhouette de ce palmier-là a quelque chose d'archétypal: ce sont (surtout) des Phoenix canariensis expatriés des îles espagnoles et acclimatés qui bordent la Promenade des Anglais et autres avenues méditerranéennes (on y trouve aussi, plus élancés mais aux touffes de palmes moins exubérantes, des cocotiers du Chili).

L'affreuse vérité à propos du palmier des Canaries, de même que n'importe quel autre palmier, c'est qu'il n'est pas un arbre! I