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Arsenal. Un moment de gloire, par ROLAND C. WAGNER.

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par Roland C. WAGNER
publié le 30 juillet 1999 à 0h06

Lorsqu'il sort du métro à la station Arsenal, il constate avec

plaisir que le soleil filtre désormais à travers les nuages.

Tant mieux. Il aurait été triste de quitter ce monde dans la grisaille automnale.

Il regarde autour de lui, planté en haut de l'escalier. Le quartier n'a guère changé depuis l'époque où il y habitait. Ce sont toujours les mêmes immeubles sans âme qui se dressent au bord de l'avenue, et les affiches bariolées du cinéma qui s'est ouvert au pied de l'un d'eux ne parviennent pas à dissiper la tristesse ambiante.

Quelques badauds sont déjà rassemblés par petits groupes sur le trottoir, silencieux ou discutant à voix basse. Il y a sûrement des flics parmi eux, mais comment les reconnaître afin de s'en tenir à l'écart le moment venu?

Il lève les yeux vers la colonne de la Bastille, au sommet de laquelle un génie terni semble courir dans le ciel. Il croit vaguement se souvenir que l'un des plans abandonnés consistait à poster un tireur d'élite en haut du monument, mais il ignore pourquoi on a renoncé à ce projet.

Bien que cela n'ait rien de suspect d'attendre sur place, il décide de faire quelques pas. Peut-être cela dissipera-t-il sa nervosité. Il ne pensait pas que la proximité du grand moment susciterait une telle tension en lui. Il croyait que son désespoir le mettait à l'abri du trac; il semblerait qu'il se soit trompé.

Tout en marchant, il regarde les péniches alignées sur le plan d'eau en contrebas. Cela non plus n'a pas changé. Il a bien été question de transf