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Libération

EMPLOI. Harcèlement moral le grand déballage

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publié le 13 septembre 1999 à 0h30

Encore inconnu du grand public il y a un an, le terme de

«harcèlement moral» a débarqué en force dans les consultations des médecins du travail ­ «Docteur, je suis harcelé par mes collègues» ­, les bureaux des inspecteurs ­ «Mon chef me persécute» ­, les audiences des prud'hommes. Si le mot est aujourd'hui dans toutes les bouches, c'est grâce à un livre et à une femme, Marie-France Hirigoyen, psychiatre, spécialiste du traitement des victimes. En septembre 1998, elle publie le Harcèlement moral ou la violence perverse au quotidien. Particularité de l'ouvrage, il est écrit dans un langage accessible à tous.

Pour la première fois, il met un mot et une définition sur quelque chose que la plupart des autres thérapeutes diagnostiquent encore mal. Oui, ils voient de plus en plus de souffrance, de violence dans le travail, mais Hirigoyen, elle, désigne des coupables, «ces serial killers qui peuplent les entreprises, perpétuent des meurtres qui ne laissent pas de traces, sauf dans la tête de leurs victimes».

Elle démontre pourquoi la plupart des victimes de harcèlement s'ignorent, ne comprennent pas ce qui leur arrive, s'inventent des raisons de justifier le comportement injustifiable de leur bourreau. «La frontière est mince entre le stress supportable et le "harcèlement qui ne l'est plus" si mince que les victimes d'un chef ou collègue persécuteur ont elles-mêmes du mal à déterminer si les bornes sont ou ne sont pas dépassées"» Et ça fait tilt. Des milliers de lettres de remerciement