Menu
Libération

EMPLOI. Les victimes s'associent contre leurs bourreauxCréée en mars, l'ANVHPT est dépassée par son succès.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 septembre 1999 à 0h30

Arles envoyée spéciale

«Lorsque cela m'est tombé dessus, je n'ai rien compris. Je n'ai tellement rien compris que je n'en parlais à personne. Pas même à mon conjoint.» Et puis un jour, Fabienne (1) a craqué. Crise de larmes, toute la souffrance d'une année déversée à son mari. Lui venait de lire le Nouvel Observateur avec, en couverture, le livre de Marie-France Hirigoyen. «Regarde, lui dit-il, ça correspond à ce que tu me racontes.» Elle lit et relit, n'arrivant pas à croire que ce qui est décrit est ce qu'elle vit. L'absence de bureau depuis son retour de congé parental. «Je squattais celui des autres quand ils étaient absents ou je m'installais sur le canapé où nous prenions le café.» L'obligation de travailler sur ordinateur sans avoir jamais reçu de formation: «J'ai essayé, demandé à mes collègues. Mais mon chef m'a dit d'arrêter de les embêter avec mes questions stupides, de rester le soir pour apprendre avec la documentation. J'étais terrorisée.» Enfin, la voix monocorde et caverneuse de cet homme qui la convoque pour de longs tête-à-tête dans un bureau aux volets toujours tirés. «Il faisait noir et il me parlait comme si j'étais au courant de tout, alors que je ne savais rien.» Mais de tout le dossier du Nouvel Obs, Fabienne retient un petit témoignage, coincé en haut à gauche de la page. Une femme psychologue, elle-même victime de harcèlement, explique qu'elle s'apprête à monter une association à Arles. Employée dans une mairie de la région, Fabienne décroche son t