Devenu une matière première évidente, le jean, plus encore que le
cuir, a pour lui de se bonifier en vieillissant. Une sorte de ticket pour la vie éternelle? C'est en tout cas ce dont est persuadé David Feder, 24 ans, qui vient de lancer avec son père, Ruven, à la tête d'un bureau de style depuis près de vingt ans, une collection de vêtements exclusivement taillée dans du denim et vendue sous la marque Ruvenfeder. Pourquoi se lancer en pleine crise? Parce que, affirme David, formé pendant deux ans et demi à Los Angeles chez les frères Guez, qui fabriquent en quantité industrielle pour Calvin Klein, entre autres, il y a deux clientèles possibles: le «mass market» et une «niche» plus confidentielle, plus exigeante mais prête à investir de coquettes sommes dans un pantalon, du moment qu'il est bien coupé dans du denim de grande qualité et que tout le monde ne le porte pas encore (ou ne peut pas se l'offrir: c'est ce qui fait tout l'intérêt du jean Gucci rebrodé de plumes et de strass, et dont le moins cher coûte 17 500 F). Parmi les évidences auxquelles on n'avait pas encore pensé, Ruvenfeder propose, par exemple, une doudoune en jean tout à fait convaincante. Comme Jean Touitou, le créateur d'APC, avant lui, David Feder s'approvisionne au Japon, patrie des puristes du jean. C'est en effet sur l'archipel nippon que se trouvent les métiers dont Levi's s'est débarrassé dans les années 70 et qui permettent de tisser un matériau «à l'ancienne», comme en témoigne le liseré rouge vis