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Libération

AN 2000: Les objets du siècle. Le jean.

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Inventé aux Etats-Unis au siècle dernier, le pantalon de travail de Levi Strauss est increvable. Longtemps emblème de la contre-culture, il se métamorphose au gré des générations et des modes, et se répand dans le monde entier. Il est plus que jamais numéro 1 au hit-parade des ados et reste très prisé de la tribu des parents.
publié le 18 septembre 1999 à 0h46
(mis à jour le 18 septembre 1999 à 0h46)

Emblème universel d'une industrie culturelle implacable, le jean joue, depuis presque cinquante ans, le rôle de matériau d'expression de la jeunesse, qui, à chaque génération, le réinterprète différemment, inventant sans cesse de nouveaux codes subtils et discriminants. En cela, le jean est le symbole d'un siècle où le renouvellement se fait par les jeunes. Même si son histoire appartient à une autre époque.

Les voiles de la Nina, de la Pinta et de la Santa Maria, les caravelles à bord desquelles Christophe Colomb conquit l'Amérique en 1492, étaient en serge de Nîmes, robuste toile tissée dans le Languedoc depuis 300 avant J.-C. Un siècle plus tard, les collègues du fameux marin génois portaient un pantalon de coton bleu, connu sous le nom de «bleu de Gênes», ou, en VO, genoese, dont la prononciation finira par évoluer en «jean». Une légende pour le «denim», une autre pour le blue-jean: mais ces deux-là n'ont pas encore fait connaissance. Il faudra pour cela attendre que l'«inventeur» du mythe, Levi Strauss, traverse, lui aussi, l'Atlantique. Ce colporteur bavarois arrive en 1853 en Californie du Nord, en pleine ruée vers l'or, avec l'intention de vendre de la toile de tente aux candidats à la fortune. Mais c'est surtout de pantalons solides que ces derniers ont besoin. Les premiers Levi's seront donc beigeasses jusqu'au début des années 1860 (mais ils portent déjà le code «501»), époque à laquelle le bleu, nettement moins salissant, s'impose. Le denim est, depuis, un sergé