Patrick, la quarantaine, cadre supérieur dans l'assurance, éclate de
rire quand on lui parle des 35 heures. D'après l'accord signé dans son entreprise en juin 1998, il a droit à 7 jours de congé en plus cette année, et à 15 à partir de l'an 2000" mais ses journées n'ont pas changé. Au contraire. Son équipe est passée de 15 à 5 personnes en 1995 après la fusion entre le groupe Victoire et Commercial Union. Depuis, sa charge de travail ne cesse de croître, à mesure qu'augmente le nombre de clients. «Lorsqu'on a annoncé ici l'ouverture des négociations pour le passage aux 35 heures, j'ai pensé tiens, la DRH, que j'appelle "la direction des coûts humains, est en train de se rendre compte qu'elle a aussi des hommes à gérer.» Niet. Quelques jours après, le directeur général a donné le ton: «J'espère que vous n'allez pas vous mettre à compter vos heures.» Patrick de commenter: «C'est comme si on nous disait "vous allez travailler moins mais pas partir plus tôt.»
De fait, la direction a imaginé un système sioux: théoriquement, il laisse le choix aux cadres de badger, «mais encore faut-il avoir le courage de le faire et d'être peut-être mal vu de ses supérieurs», ou de passer «au forfait» et de ne pas compter leurs heures. Pratiquement, le forfait est encouragé" par une prime de performance individuelle. Mais Patrick a décliné l'offre d'argent. «Personnellement ,j'ai préféré jouer la montre, donc badger. Une manière de dire à mes supérieurs: "Regardez, je suis à 45 heures/semaine sa