Infirmière aux urgences de l'hôpital Nord de Marseille, Anne observe
depuis cinq ou six ans une montée de la violence parmi les patients. Même si elle est dotée d'un bon caractère et d'une solide expérience professionnelle, cette femme de 45 ans avoue parfois ressentir un immense ras-le-bol.
«Certains jours, les insultes pleuvent du matin au soir. Cela va de "Nique ta mère à "connasse, "salope, "putain. Heureusement, cette violence reste essentiellement verbale. Malheureusement, on s'y habitue. Certaines insultes passent car ce n'est pas dit méchamment. On peut même en rire. Mais les remarques qui mettent en doute votre travail alors que vous faites votre maximum ou les réflexions sur votre physique blessent terriblement. Surtout quand on est moins en forme, qu'on se sent plus fragile.
«Face aux insultes, j'essaie de rester calme, de ne pas répondre, je tente de passer le relais à un autre soignant pour désamorcer la situation. Certains nous menacent, "je vais te retrouver, j'attendrai à la sortie, mais en général, je n'y crois pas trop. Par contre la nuit, c'est plus délicat. Des infirmières se font raccompagner jusqu'à leur voiture par des collègues brancardiers, de peur d'être attendues sur le parking.
«Aux urgences, il y a une tension normale liée aux gens en état d'ébriété ou en manque comme les toxicomanes. Mais d'autres arrivent déjà énervés. Ils veulent être soignés sur-le-champ. On est là pour les servir et ils nous engueulent car ils attendent. "C'est long, vous fout