Je ne suis pas un grand bricoleur. Je ne bricole pas de façon
permanente. Je n'ai jamais déjeuné avec un vendeur du BHV. Le vocabulaire que possèdent tous les vrais bricoleurs me fait défaut. Ainsi, avant de me rendre dans une quelconque quincaillerie, je suis obligé de consulter le dictionnaire ou le vieux catalogue de Manufrance que je possède. Comment s'appelle ce caoutchouc habilement dissimulé dans la robinetterie? Quel est le nom de cette espèce de pâte dentifrice, imperméable à l'eau, qu'on pose autour des éviers ou des baignoires? Je sais qu'elle colle aux doigts et qu'on doit l'étaler au moyen d'une patate épluchée. Après avoir consulté le dictionnaire, je suis bien obligé d'ouvrir le réfrigérateur pour m'assurer qu'il me reste bien quelques patates. Comment se nomment ces petits clous dorés à tête bombée qui ressemblent à des parasols? Rappelons que nous vivons en France, pays dont les habitants supportent assez mal les fautes de vocabulaire. Je me souviens d'un chauffeur de taxi qui avait été choqué lorsque je lui avais demandé de me marquer le prix de la course sur un papier. «Cela ne s'appelle pas un papier, monsieur!», m'avait-il corrigé. «Cela s'appelle une fiche!»
Il était plus que choqué, outré, estomaqué, disons-le même: épouvanté (je viens, on l'aura deviné, d'ouvrir une fois de plus le dictionnaire). Chaque fois que je me rends chez un quincailler ou au BHV, j'ai l'impression de passer un examen. Je suis si anxieux que je finis par oublier un mot aussi é