Un nouveau poste-frontière pour un nouveau pays vieux de six ans, les Carpates et ses forêts de sapins, un petit bordel de campagne surmonté d'un coeur rouge, une vallée, le panache d'une centrale atomique, des vignes, un émetteur de télévision, et voilà le Danube, le fleuve de l'harmonie selon Hölderlin. Bratislava. Les Slovaques n'oublient pas son nom autrichien, Presbourg, faubourg de la Vienne impériale. En revanche, ils sont plus réticents devant son nom hongrois, Poszoni. Comme s'ils voulaient oublier les deux siècles où la cité danubienne a été la capitale d'une Hongrie chassée de la Pusta et de Buda par l'Empire ottoman.
Bratislava sourit. La Commission européenne vient de saluer les efforts économiques et politiques de la Slovaquie. La chute, il y a un an, de Vladimir Meciar, son remplacement par Mikulas Dzurinda ont permis de redéployer la démocratie, d'adoucir le nationalisme et d'ouvrir le pays à l'Occident. Sur le Danube, le port s'agrandit. Des ouvriers hongrois construisent de nouvelles installations.
Actrice pendant vingt-six ans (50 films, 80 téléfilms et des dizaines de pièces), Magda Vasaryova a été ambassadrice à Vienne puis candidate il y a quelques mois à la présidence de la République. Elle est arrivée troisième derrière le président Schuster et Vladimir Meciar. Dans le modeste bureau du centre-ville de son Association slovaque de politique étrangère occupée seulement par des femmes, cette partisane de l'ouverture de son pays à l'Occident et de la ruptur