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Libération

Carnet de voyage : Enfants abandonnés et chiens errants.

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publié le 6 novembre 1999 à 1h50
(mis à jour le 6 novembre 1999 à 1h50)

Le train Vienne-Bucarest passe la frontière de la Roumanie à Curtici à 5 heures du matin. Les policiers du cru et leur chef, une grande brune, parlent français. Le train chemine à travers la Transylvanie, plaines jaune brun, montagnes pelées dont les sommets sont couverts de nuages. Villages avec rues en terre battue, flaques où s¹ébrouent des oies et des canards. C¹est le pays qui ressemble le plus à un pays de l¹Est d¹autrefois, exotique et mélancolique.

Sur la route jusqu¹à Bucarest, trois voitures sur quatre sont des Dacia 1300, succédanés de la vieille R12. Dans la capitale de la Roumanie, les embouteillages sont pleins de Mercedes, de Volkswagen, de BMW, de Daewoo, de Honda et de Peugeot. Mais la marque la plus représentée reste Dacia, dont Renault est l¹actionnaire principal.

Devant la gare du Nord, à 16 heures, une très jeune fille tricote. Elle a les cheveux courts ébouriffés, le visage très sale, elle porte des haillons et elle est assise, les pieds nus ballant dans une bouche d¹égout. C¹est là qu¹elle vit. Elle fait partie des centaines d¹enfants abandonnés de Bucarest. La nouvelle n¹est pas fraîche: des photographes, des journalistes ont déjà décrit le phénomène sans que cela ne change quoi que ce soit.

Sur un terrain vague, dans une cabine en fer, vivent Maia, qui fut jongleuse, deux autres filles et Sebastian, qui a été formé comme ouvrier il y a pas mal de temps déjà. Ce ne sont plus des enfants, ils ont entre 17 et 22 ans, vivent ensemble dans 4 mètres carrés cr