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Libération

Carnet de voyage: Gdansk a oublié les grèves.

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publié le 6 novembre 1999 à 1h49
(mis à jour le 6 novembre 1999 à 1h49)

C'est ici que le dernier épisode du «socialisme réel» a débuté, que la classe ouvrière a commencé à ébranler le pouvoir du parti qui s'en réclamait. Devant les anciens chantiers Lénine, il y a trois croix géantes, des plaques qui rappellent la naissance du syndicat Solidarité, la grève de 1980, la signature des accords. Une banderole blanche de Solidarité proclame: «La solidarité n'est rien sans amour.» Signé: Jean Paul II.

Grand, mince, le visage illuminé par des yeux bleu clair, Jan a 39 ans. Il travaille depuis vingt ans dans les chantiers. Il y était menuisier, aujourd'hui il inspecte les conditions de travail. Il a été nommé par les syndicats, «en premier lieu par Solidarité, très majoritaire». Il place aussi les fonds de pension Solidarni-Zurich, coproduction du syndicat et d'un établissement financier suisse.

Il se plaint que les chantiers ne vont pas bien. Ils emploient 3 800 personnes au lieu de 7 800 il y a dix ans. Mis en liquidation en 1997, ils ont été repris, il y a un an, par les chantiers rivaux de Gdynia qui marchent du tonnerre de Dieu. Des bassins ont été loués à des entreprises de réparation navale. Des terrains vont être vendus pour y construire un bout d'autoroute, à moins que ce ne soit un port de plaisance. Tout pour rentabiliser le mastodonte.

«Je ne regrette pas l'ancien régime, dit Jan. Aujourd'hui il y a de tout dans les magasins. Le problème, c'est d'avoir un salaire suffisant pour en profiter.» Il critique les hommes politiques qui ont fait leurs