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Libération

Carnet de voyage: Le maraîcher et l'Europe.

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L'EST EN ROUTE. HONGRIE.
publié le 6 novembre 1999 à 1h49
(mis à jour le 6 novembre 1999 à 1h49)

23 octobre, Budapest est vide, des drapeaux nationaux sont accrochés aux carrefours. C'est le 43e anniversaire du soulèvement du peuple hongrois contre l'occupant soviétique et le régime stalinien mis en place après la guerre. Pas de grandes manifestations pour célébrer l'événement. Dépôt de gerbe aux alentours du Parlement et petit rassemblement d'anciens combattants dans le centre de Pest. Un intellectuel se demande pourquoi on fête si peu le 23 octobre 1956, première remise en cause du monde dessiné à Yalta, début de la crise du totalitarisme soviétique et date de naissance du monde actuel. La télévision rappelle les trois semaines qui ont suivi le 23 octobre 1956. Les manifs, Imre Nagy, le communiste «libéral», au pouvoir, le mouvement qui prend les allures d'une révolution, la direction du PC hongrois qui soutient les revendications des manifestants, la rue qui fait reculer la répression, les bases d'une représentation démocratique qui s'organisent en même temps que des conseils ouvriers. Puis les Soviétiques, mis en demeure d'intervenir par Mao Zedong et rejoints par Janos Kadar, le numéro 1 du PC hongrois, lancent leur armée avec ordre de tirer. Les Hongrois résistent, place par place, usine par usine. Ils sont écrasés. Des milliers de morts. Nagy et ses plus proches camarades sont fusillés deux ans plus tard. L'Amérique et l'Europe n'ont pas bougé.

Il y a moins de traces des combats qu'avant 1989. On a bouché les trous au ciment. Mais dans le VIIe arrondissement, dan