Traverser le pont Charles un dimanche après-midi est une épreuve. Le nombre de touristes qui s'y pressent est tel qu'il faut une bonne demi-heure pour passer le fleuve Vlatva entre le quartier baroque de Male Strana et le Vieux-Prague. L'ensemble fait partie des programmes des tour-operators au même titre que Paris ou Venise. Il faut dire que ravalée de près, aussi propre qu'une ville suisse, Prague est aussi jolie qu'une bonbonnière. Tout juste est-elle moins magique qu'autrefois.
La place Wenceslas, celle des mouvements de foule du printemps 1968, celle où les chars soviétiques ont fait halte en août de la même année, est envahie de fast-foods et de casinos. L'air de santé économique qu'elle affiche est trompeur: depuis quelques années, la croissance tchèque est stoppée, le chômage se développe et les réformes sont bloquées par la cogestion du pouvoir par la droite (Vaclav Klaus, de l'ODS, est président de l'Assemblée) et la gauche (le social-démocrate Milos Zeman est Premier ministre).
Au 11, rue Narodni, à deux pas du café Slavia, l'ancien QG des dissidents, une plaque dorée, semblable à celle d'un médecin, annonce Impuls 99. Impuls 99 est le rassemblement d'un millier de personnalités d'horizons divers qui, l'été dernier, ont signé un texte dénonçant la stagnation du pays, l'arrogance de ses dirigeants. Et se sont demandé «si la direction empruntée ne pourrait annuler les espoirs d'intégration rapide dans les structures européennes»" Mi-octobre, un rapport de Bruxelles, q