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Libération
Reportage

La nomenklatura fait du business.

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Dirigeants et anciens du parti polonais avaient assuré leurs arrières. Ils ont été les premiers à se recycler dans le système capitaliste.
publié le 6 novembre 1999 à 1h49
(mis à jour le 6 novembre 1999 à 1h49)

Ancien porte-parole des derniers gouvernements communistes de 1981 à 1989, Jerzy Urban aime le luxe et ne le cache pas. «Aujourd'hui, je suis mille fois plus riche qu'il y a dix ans, mon niveau de vie est supérieur non seulement à mon quotidien d'autrefois, mais aussi à la moyenne polonaise d'aujourd'hui», assure, satisfait, ce sexagénaire arrivé assis dans son salon ultradesign. Déjà, à l'époque communiste, Urban n'avait pas de raison de se plaindre. Membre de la nomenklatura, il avait droit aux biens de consommation inaccessibles aux simples citoyens, et sa phrase célèbre, «le gouvernement aura toujours de quoi se nourrir», s'est inscrite dans la mémoire des Polonais qui, eux, devaient se contenter de tickets de rationnement.

Dix ans après la chute du Mur, Jerzy Urban dirige avec succès son hebdomadaire satirique Nie (Non en polonais). La rédaction est située dans une belle villa d'avant guerre, fraîchement rénovée, située dans un quartier chic de Varsovie. Les affaires marchent. «En 1989, j'ai moi-même été forcé à me créer un job, avec mon nom et mon passé politique, aucun journal, aucune radio, sans parler de la nouvelle administration, n'aurait voulu de moi.» Il a écrit un livre, Alphabet d'Urban, qui s'est vendu à 750 000 exemplaires. «Cela m'a rapporté 100 000 dollars, de quoi lancer un journal d'opposition après la victoire de Solidarnosc, et, paradoxalement, c'était le seul», souligne le patron d'un hebdomadaire qui osait pourfendre les tabous comme le sexe et dénonc