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Libération
Interview

Une nouvelle carte de l'Europe.

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L'EST EN ROUTE. Jacques Rupnik explique les trois entités de l'ex-Est.
publié le 6 novembre 1999 à 1h50
(mis à jour le 6 novembre 1999 à 1h50)

Directeur de recherches au Ceri (Centre d'études et des recherches internationales), Jacques Rupnik est spécialiste de l'Europe de l'Est. Il dresse le bilan de ces dix années de transition.

Dix ans après la chute du Mur, on sent une certaine désillusion. Pourquoi?

Une sorte de blues post-totalitaire hante les pays de l'ancien bloc soviétique. Beaucoup rêvaient d'une réinvention de la démocratie concrétisant les idées que défendaient depuis des années les dissidents, celles d'une «politique antipolitique» fondée sur des valeurs éthiques et sur la société civile. Partout avaient surgi des «forums civiques», expression de ce désir de construire à partir de zéro. Or,il y a eu un processus d'imitation. La scène politique de ces pays donne aujourd'hui l'impression d'être aussi banale et prosaïque qu'en Occident, tout aussi marquée par des pratiques de corruption et d'affairisme. Elle est même souvent pire, car ces institutions démocratiques plus récentes et plus fragiles ont donné la part belle à des populistes en tous genres. Le bilan n'en est pas moins pour l'essentiel positif, bien que les pays post-communistes ne constituent pas un ensemble homogène. Hormis la Yougoslavie, la transition a été partout peu ou prou pacifique. Elle a créé un cadre institutionnel pour la démocratie et permis une reconversion économique.Elle a surtout instauré des sociétés infiniment plus libres que celles qui les précédaient.

Les processus de transition ont eu des rythmes trè