«Il n'y a aucune raison de vouloir un ordinateur chez soi.» En 1977,
Ken Olson, fondateur de Digital Equipment, l'un des constructeurs qui ont forgé l'histoire de l'informatique, n'avait rien compris. Pas plus que le patron d'IBM, Thomas Watson, qui livrait cette prédiction en 1943: «Je pense qu'il y a un marché mondial pour peut-être cinq ordinateurs.» A leur décharge, ces prophètes ne voyaient de l'ordinateur que ses avatars de l'époque: des armoires colossales bardées d'électronique et destinées à décrypter les communications ennemies, comme le Colossus de 1943. Ou à recenser les populations ou faire la comptabilité des entreprises, à l'instar de l'Eniac (1946).
Aujourd'hui, alors que les micro-ordinateurs, descendants compacts et domestiques des géants de l'après-guerre, s'alignent dans les hypermarchés à côté des téléviseurs et des chaînes hi-fi, on sourit, forcément. Mais voilà. Le micro-ordinateur est imprévisible. Echappant à toute définition, en perpétuelle évolution, aux usages mouvants. A peine 25 ans qu'il existe. Jamais un objet n'a subi autant de transformations en aussi peu de temps. Dans l'aspect. Dans les usages aussi. A l'origine, le micro-ordinateur ne sert qu'à programmer. Puis on se met à taper des textes, à tenir ses comptes, à jouer. Dans le même temps, les «micros» colonisent les entreprises. Avant que le Web, au milieu des années 1990, ne chamboule tout.
Premier cri. Tout commence en janvier 1975: Popular Electronics, une revue d'électronique américain