C'est le personnage pivot de la surveillance high-tech dans les
entreprises. «Sans l'ingénieur réseaux, un patron ne peut pas espionner ses salariés», explique Stéphane, informaticien dans une entreprise de services. On l'appelle «ingénieur réseaux», «ingénieur systèmes» ou «administrateur». Parfois, il travaille en groupe, parfois seul. C'est l'homme sur lequel repose la bonne marche de l'informatique dans toutes les sociétés. Et celui qui subit la pression éventuelle pour fliquer ses camarades. «C'est très important qu'il ait une déontologie», insiste Stéphane. L'un d'eux, Laurent, voit débouler son patron un matin. Celui-ci lui demande de faire une copie de tous les e-mails adressés à l'un des salariés de l'entreprise, suspecté de divulguer des secrets à l'extérieur. «Le côté éthique me gênait, raconte Laurent. Mon patron refusait de suivre la législation et d'avertir les usagers qu'une surveillance était mise en place.» Laurent a dit «non», et le curieux a dû s'incliner, faute de pouvoir bidouiller tout seul. Certains des alter ego de Laurent n'ont pas ces scrupules: devant un cas similaire, Michel, dans une autre boîte, a accepté d'obtempérer. «Je n'ai pas à m'occuper de savoir si c'est bien ou mal», affirme-t-il.
Un pouvoir sans limite. Pour régler ses problèmes de conscience, l'informaticien, rarement syndiqué, se retrouve souvent face à lui-même. Car les salles d'informatique sont fréquemment placées à l'écart, loin des autres salariés. Pour des raisons pratiques: pl