Le charbon est mort, la sidérurgie et le textile périclitent. En
trente ans, le Nord-Pas-de-Calais a perdu plus de 280 000 emplois dans l'industrie. De nouvelles filières, comme la construction automobile ou l'agroalimentaire, sont apparues, mais c'est le secteur des services qui a essentiellement pris la relève. Aujourd'hui, le tertiaire représente 70% de l'emploi régional, contre 46% en 1975. Et selon deux économistes de l'université de Lille-I, Jean Gadrey et Camal Gallouj, c'est là que se trouvent les futures réserves d'emploi.
Le Nord-Pas-de-Calais est-il encore une région industrielle?
Jean Gadrey. Depuis les années 70, l'emploi industriel français ne cesse de diminuer au profit des services. Le Nord-Pas-de-Calais a connu la même mutation mais de façon nettement plus brutale, car l'emploi industriel y était plus beaucoup plus important que dans les autres régions françaises: dans les années 50, 54% de l'emploi régional se trouvait dans l'industrie et le bâtiment. Et cet emploi était concentré dans trois bastions qui ont connu un fort déclin: la mine, la sidérurgie, le textile. Aujourd'hui, l'industrie ne représente plus que 24% de l'emploi régional. Dans le textile, les usines continuent à fermer. Que deviennent les salariés?
J.G. Ce qui est dramatique, ce n'est pas la désindustrialisation, c'est sa brutalité. Les relations syndicat- patronat sont mauvaises et le patronat local est encore plus traditionaliste et autoritaire qu'ailleurs. Des décisions unilatérales tombent