Hocine Omari a travaillé vingt-trois ans aux Peignages Amédée,
ancien fleuron de l'industrie lainière à Roubaix. De 22 à 45 ans, il a toujours occupé le même poste: ouvrier de production. Il était le délégué CGT de l'entreprise.
«Le 6 mai, le directeur général des Peignages Amédée m'appelle sur mon portable pour un rendez-vous très important. Une très mauvaise nouvelle, me dit-il, rien de plus. J'arrive à 15 heures, et il me met sous les yeux un projet de plan de fermeture. Il n'y a aucune alternative pour sauver les emplois. Aucune réorganisation. Si je n'avais pas été assis, je serais tombé raide mort. Après, tout est allé très vite. A la mi-mai, un premier plan social a été présenté, avec des solutions de reclassement, enfin si on peut dire. En tout et pour tout, la direction proposait 2 postes en Hongrie, 4 en Pologne, 4 en Italie, soit 8 reclassements possibles à l'étranger pour 130 personnes, vivant depuis des années dans la région. Et elle n'était même pas capable de nous donner la conversion en francs des salaires versés à l'étranger. Comment pouvions-nous avoir confiance? C'étaient des reclassements bidons. L'activité a été arrêtée en mai. Nous avons négocié très dur la prime de départ. Personne ne voulait lâcher. Après un mois de procédure, nous les syndicats, avons descendu nos prétentions à 150 000 francs par personne, eux ne voulaient pas monter au-dessus de 83 000 francs. Alors les salariés ont fait pression. Un vendredi soir, en juin, ils ont empêché la direct