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MACAO, L'ENTRE-DEUX-MONDE. L'âme des métis macanais tangue entre deux océans. Ils sont à la fois d'origine portugaise et chinoise, et parlent le «patua». La rétrocession met leur culture en danger.

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publié le 18 décembre 1999 à 2h24

Macao, envoyée spéciale.

Il y a de la noblesse dans l'allure d'Antonio Conceiçao, l'un des stylistes les plus réputés de Macao. D'où peut-il être originaire? Du Caucase, avec cette haute taille? Du nord de l'Inde peut-être avec ce raffinement dans l'élégance? Pourtant, il y a ce nom, cette peau mate, cette barbe grise et soignée qui évoquent l'Europe méridionale" Et ces yeux en amande, pétillants de malice, ce sourire, pudique et fugace, si classiquement orientaux. Antonio est «Macanais» c'est-à-dire Eurasien, héritier des amours entre Portugais et Chinois, né sur le petit territoire de la dernière colonie portugaise. L'épopée de sa famille est déjà un roman. Son grand-père, un juif portugais converti au catholicisme, fut envoyé à Macao comme sergent, où il créa la première compagnie de taxis et se maria avec une Eurasienne, fille d'une Indienne de Goa (Inde) et d'un aventurier irlandais. Ses parents, journalistes et écrivains, sont tous deux Eurasiens.

«Portugais asiatique». «Je ne sais pas où commence mon côté oriental, ni où il finit, tente-t-il d'expliquer. Ma mère, c'est la Chine et Macao, c'est l'Orient. Mon père, c'est le Portugal, l'Europe.» Agé de 47 ans, Antonio est trilingue, parle le chinois, l'anglais et le portugais. Parallèlement à ses études supérieures en Europe, il s'est plongé dans la recherche sur la philosophie orientale, le zen, le bouddhisme. En 1977, il a été nommé conservateur du musée Luis Camões à Macao avec l'idée d'en faire un centre culturel réun