Comment exister au lendemain de la désintégration de l'Union
soviétique? Comment gérer le passage de la superpuissance à la puissance régionale incontestée, via le chaos? L'équation n'était pas facile à résoudre pour Boris Eltsine et ne l'est toujours pas. D'autant plus qu'elle comportait et comporte toujours une contradiction majeure: la nouvelle Russie doit-elle être russe avant tout, en tout cas slave, ou restera-t-elle impériale? Allait-on tenter de reconstruire l'ancienne puissance de l'URSS dans un seul pays (la Russie) ou tenter, par la ruse et la force, de pérenniser sous une autre forme une domination régionale qui venait d'exploser?
La question était d'autant plus pertinente lors de l'arrivée de Boris Eltsine qu'on pouvait le soupçonner d'un comportement «cartiériste», du nom de ce vulgarisateur français qui proposait à la fin des années cinquante, en pleine débâcle de l'aventure coloniale française, que la France préfère enfin «la Corrèze au Zambèze». Alors que Gorbatchev avait tout fait pour s'opposer à la montée des nationalismes et à l'éclatement de l'Union les pays baltes en savent quelque chose, mais aussi la Géorgie, l'Arménie et l'Ukraine Eltsine n'avait-il pas été directement à l'origine de l'implosion de l'URSS en initiant la réunion tripartite des Slaves (Russie, Ukraine et Biélorussie) du 8 décembre 1991, à Bieloviej, qui constata que l'URSS avait «cessé d'exister en tant que sujet du droit international et en tant que réalité géopolitique»?
Etait-il s