Juillet 1993. Une annonce sur les ondes, entre tranche de pub et
bulletin météo: «Afin de juguler l'inflation», la Banque centrale de Russie «informe» les Russes qu'ils ont quelques jours pour rendre tous les billets d'avant 1993. Pendant deux jours, la Russie connaît une véritable ruée de la population qui cherche à se débarrasser des coupures à l'effigie de Vladimir Ilitch. Ce fut le début de la ruine des petits épargnants et des retraités. Boris Eltsine venait de balayer d'un coup les pécules accumulés pendant des années. 17 juillet 1998: en quelques heures, le système financier du pays est totalement paralysé. Le gouvernement annonce le flottement de la monnaie en même temps que la suspension du remboursement de la dette en roubles. Quelques jours plus tard, pour les sauver de la banqueroute, Moscou interdit aux banques russes d'honorer leurs engagements étrangers.
La chute libre du rouble Ce n'est plus l'Asie en crise qui fait trembler le reste de la planète finance, mais une Russie qui paye aux prix fort plus de six années d'atermoiements politico-économiques. En quelques semaines, les derniers vestiges de confiance envers une Russie incapable de collecter l'impôt, partent en fumée. Au fur et à mesure que le rouble part en glissade, les queues s'allongent devant les guichets de banques incapables d'honorer leurs paiements et devant des magasins où les produits se font de plus en plus rares.
Depuis la grande crise de l'été 1998, la situation du pays semble s'être quelque