Philosophe, Dominique Méda prône une société du temps partiel pour
tous. Elle est l'auteur de Qu'est-ce que la richesse? (1), livre qui a reçu le prix Mutations et travail 1999.
«Il faut arrêter de penser que nous allons forcément vers la fin du salariat, que nous serons bientôt tous des précaires soumis à une flexibilité toujours plus grande, au service du client roi, comme le répètent à l'envi les théoriciens du management anglo-saxons. Nous avons le choix. Quelle société voulons-nous? Si nous pensons qu'une bonne société, c'est celle qui échange toujours plus de biens et services sans prendre rien d'autre en considération (qualité de la vie, éducation"), le risque est grand de voir nos vies réduites à un pur processus de production. L'être humain serait alors considéré uniquement comme un capital à gérer, mis en valeur par des études ou un travail rentable.
Je pense que la vie en société n'est pas cela. Bien sûr, nous allons certainement travailler autrement. Mais les plus grands changements viendront peut-être moins de l'usage massif des nouvelles technologies que d'une réelle prise en compte du grand bouleversement intervenu depuis trente ans: l'arrivée massive des femmes sur le marché du travail. Leur taux d'activité et la durée de leur carrière sont en train de s'aligner sur ceux des hommes. Dans dix ans, il n'y aura pratiquement plus de différence. Or, jusqu'à maintenant, cette intégration des femmes dans le travail n'a été ni accompagnée ni aidée. Les entreprises n'ont