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Libération

EMPLOI.Un travailleur au capital humain de 610 actions. Une nouvelle de Francis Mizio*. Facile de s'en sortir en 2010.

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publié le 10 janvier 2000 à 22h02

J'ai pris le statut de travailleur par actions il y a deux ans grâce

aux dispositions que la triple cohabitation socialo-libéralo-républicaine a adopté en 2007. Si les démarches pour se faire inscrire à la bourse des ressources individuelles ­ le Tiers Marché ­ ont été fastidieuses au départ, depuis je ne regrette pas d'avoir endossé ce statut qui me permet de me réaliser multiprofessionnellement.

Actuellement, je représente un capital de 100 actions cérébrales, de 450 actions musculaires, de 20 actions auditives et de 40 actions vocales. Au départ, j'avais un peu présumé de mes forces et n'avais émis que 100 actions cérébrales, mais le marché étant ce qu'il est, j'ai dû ouvrir mon capital avec une offre publique de vente de musculaire, d'auditif et de vocal au fil de mes besoins en liquidités. Avec cet argent, j'ai pu me loger et rester propre le temps de décrocher mes différents emplois. En gros, mes actionnaires sont composés à 90% de baby-boomers; des anciens cadres sup, des gens de la pub et des médias, des professions libérales. J'ai même mon dentiste qui m'a pris un peu de cérébral et du vocal. Mes actionnaires, qui représentent une cinquantaine de personnes, font partie de la génération qui a inventé cet ingénieux système du Tiers Marché avant de créer par leur départ à la retraite l'appel d'air actuel qu'on connaît sur les emplois. En fait, on leur doit vraiment tout; ils ont tout inventé.

Grâce aux possibilités dues au tri- 32 heures ­ la possibilité de travailler tr