«J'ai le sentiment de revivre les années fric, les années 80. Mais
le phénomène est décuplé, confie Joëlle Dujour, présidente du cabinet de recrutement Alpha CDI, spécialisé dans le high-tech. Le monde de l'Internet est délirant. C'est un monde en friche, qui a déjà pris de mauvaises habitudes.» Un secteur où les recruteurs font la danse du ventre, surenchérissent sur les salaires et distribuent des avantages en nature à la pelle. En saison de pénurie, l'entretien d'embauche n'a rien à voir avec une séance de torture (lire ci-dessous). Le rapport de force s'équilibre. Certains candidats en profitent, fraîchement convertis à la goujaterie. Ils parlent non seulement d'argent sans complexe mais n'hésitent pas à prendre les appels sur leur téléphone portable en pleine négociation, ou se décommandent dix minutes avant l'heure d'un rendez-vous, quand ils ont la délicatesse de prévenir. Ils se piquent de statistiques sur les budgets de formation, s'inquiètent de l'état d'avancement des négociations sur les 35 heures, et discutent leur enveloppe de notes de frais" «Ce sont les "années candidats, confirme Thierry Happe, PDG d'Euro RSCG Futurs, qui vient de mettre sur pied un observatoire des professionnels du high-tech, le «I-Lab» financé par Cisco, Microsoft, Hewlett-Packard, Bouygues Télécom et d'autres.
Affaire d'image, le high-tech, qui n'attirait jusque-là que des aventuriers fondus de nouvelles technologies, est devenu en l'espace de quelques mois un aspirateur à jeunes diplômé