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Libération
Interview

EMPLOI. Chronique de la vie de bureau. «Si je te sacrifie pas toi, ce sont tes 29 collègues qui seront à la rue».

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publié le 28 février 2000 à 22h32

Michel, 28 ans, raconte son expérience de salarié «kleenex»: six

mois de boulot non-stop, puis viré sans préavis.

«Lorsqu'ils m'ont embauché en juillet dernier, ils n'avaient que le mot confiance à la bouche. "Tu comprends, on te prend parce qu'on sait qu'un type comme toi ne va pas partir avec la caisse, vider la cave, etc, etc. Ils me proposaient un poste de surveillant de nuit dans leur restaurant guinguette. L'endroit est isolé, ils avaient peur de se faire braquer, squatter ou tagger. J'étais entre deux projets, ce boulot de nuit, ça m'allait en attendant. Sur les conditions, ils me l'ont encore joué confiance. "On te prend à 3/4 temps sur la base du Smic horaire. Mais on te donnera un complément au black. Pas de problèmes, tu auras 50 francs de l'heure. J'ai tiqué mais bon. Ils m'ont fait un contrat de 6 mois. "Un début, qu'ils disaient. "On fera un avenant ensuite, une simple formalité, te bile pas.

Pendant les trois premiers mois, j'ai bossé comme un mulet, toutes les nuits, non stop. Officiellement de 2 heures du mat à 8 heures. En réalité, j'étais là à la demande. Les jours de fermeture, c'était du 20 heures-8 heures. Le matin, j'attendais la relève, parfois jusqu'à 9h30. Certains soirs, ils me demandaient d'embaucher avant. J'étais prévenu l'après-midi, au réveil quoi. Je m'en foutais, je notais mes heures. A la fin du premier mois, je suis arrivé à 220 heures. Ils ont blémi. "Ha oui mais 220 heures à 50 francs, ça va pas être possible. Les heures en plus, on va t