Docteur en économie à l'Ecole supérieure de commerce de Stockholm,
John Rognes est l'auteur d'une thèse sur «L'impact organisationnel du télétravail à domicile» publiée en 1999. Il a suivi sur plusieurs années trois entreprises pratiquant le travail à domicile.
Qu'avez-vous constaté sur l'emploi du travail à distance?
Nulle part, cela ne s'est passé comme prévu. Mais bizarrement, tout le monde a été assez satisfait. Dans un département de Telia (l'opérateur télécom «traditionnel», ndlr) par exemple, où les salariés avaient la possibilité de travailler chez eux deux jours par semaine,on a constaté deux ans plus tard qu'ils n'y restaient en moyenne que 0,8 jour par semaine. Ils estimaient qu'ils n'avaient pas la même possibilité de communiquer. A distance, on perd le contact spontané qui existe au sein de l'entreprise. Les technologies de l'information ne remplacent pas la présence physique. Sans compter la forte résistance culturelle de la société: le travail demeure une chose qui se fait aux heures de travail, sur le lieu de travail. Et la disponibilité pour le groupe s'avère prépondérante.
Comment définissez-vous le travail à distance?
Il est fréquent que les gens travaillent un peu le soir à la maison, mais ça ne compte pas. En commençant mon étude, j'avais fixé la barre du travail à distance à au moins un jour par semaine hors du bureau. A la longue, j'ai dû la rabaisser à une demi-journée. Mais on ne peut parler de travail à distance que si cela a une influence sur l'organis