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Interview

EMPLOI : Les jeunes et le travail. 2 - Le refus de la précarité. Christian Baudelot. Michel Gollac.

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Le travail représente d’autant plus le bonheur qu’il fait défaut.
publié le 28 février 2000 à 22h33

Malgré la précarité et le chômage, le travail reste une valeur centrale pour les jeunes, estiment Christian Baudelot, professeur à l’Ecole normale supérieur, qui vient de publier Avoir 30 ans en 1968 et 1998 (1) et Michel Gollac, chercheur au Centre d’étude de l’emploi. Par contre, la nouvelle génération se distingue des précédentes par une forte résistance au travail ouvrier et un détachement plus grand par rapport à l’entreprise.

Les jeunes associent volontiers bonheur et travail?

Christian Baudelot: Quand nous avons demandé aux jeunes: «Qu’est qui est pour vous le plus important pour être heureux?» (2), les 17-28 ans se sont nettement distingués de leurs aînés par des références plus fréquentes au mot travail. Près de 38 % des moins de 35 ans associent bonheur et travail contre 27 % pour l’ensemble des personnes interrogées.

Michel Gollac: En fait, le travail représente d’autant plus le bonheur qu’il fait défaut. Plus les gens risquent de manquer de travail, plus ils le mentionnent comme une condition du bonheur. C’est le cas des chômeurs ou de ceux qui connaissent la précarité, situation souvent vécue par les jeunes.

Quels rapports les jeunes entretiennent-ils avec le travail?

C.B.: Comme ils font les frais de la crise, on pourrait croire qu’ils développent un certain détachement à l’égard du travail. Ce n’est pas le cas, ils ont autant envie de travailler que les autres. Par contre, à la différence des générations précédentes, il y a un net