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Libération
Interview

EMPLOI : Les jeunes et le travail. 2 - Le refus de la précarité.

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Témoignages
publié le 28 février 2000 à 22h33

Olivier «Je n’irai plus à l’usine, il n’y a pas de plaisir»

Olivier suit actuellement un stage de découpe de métal. Il envisage d’être ferronnier d’art. Il a 29 ans.

«J'ai toujours aimé le travail manuel et créatif, l'ambiance des ateliers. Je déteste l'usine, sa chaîne, son rendement, le même geste qu'on répète indéfiniment. Dans ma vie, j'ai toujours fait les choses par obligation. Mes parents m'ont mis dans la boulangerie après la troisième. Un véritable cauchemar. A 15 ans, je travaillais 60 heures par semaine, un seul jour de congé et au bout de tout cela, je n'avais aucune récompense. Je versais tout mon salaire à mes parents. Ils ne me laissaient même pas 50 F en poche. J'ai été dégoûté à vie.

J'ai souvent travaillé en usine. J'y ai tout fait: des joints de caoutchouc, des chaussures de foot, des cartes bancaires. J'ai toujours donné de moi ce que les gens voulaient, mon intérêt venait après. Ça se passait bien. Je vivais avec trois fois rien. Un jour, j'ai touché 6 500 F, mon plus gros salaire. Ça m'a fait tout drôle.

Des contrats, j'en ai eu des milliers. J'enchaînais les boulots comme ça. On vit, on subit et puis un jour, on se rend compte que rien ne tient debout. Tout s'est effondré en 1997. Plus de repères, la descente aux enfers.

Ce que je veux aujourd'hui, c'est me faire plaisir. Je n'ai jamais eu l'habitude de faire ce qui me plaît. Dans ma famille, c'était interdit. Ma mère décidait tout. C'est pour cela que j'ai horreur de la boulangerie. Je ne