Son bureau? Un ponton au beau milieu de l'archipel de Stockholm, sur
l'une de ces adorables petites îles plantées d'arbres, de rochers et de cabanons en bois peint. Des voiliers défilent devant ses yeux. Lui, allongé dans un transat, parle avec un client grâce à son téléphone mobile connecté à l'ordinateur portable posé sur ses genoux. Ce qu'il pense? «Grâce à la technique, je sais enfin ce qu'est la liberté. C'était il y a six ou sept ans, la Suède était submergée par une vague hystérique de publicités et de séminaires vantant le travail à distance, vendu comme la solution technique au service de la liberté. Beaucoup de communes autour de Stockholm avaient monté des bureaux «de proximité» pour permettre aux habitants de travailler sur place.
La fin des fantasmes. Aucun n'a franchement fonctionné. «En 1993 et 1994, quand il y a eu cette hystérie autour du travail à distance, on faisait des pronostics fous, se rappelle Britt-Marie Thulestedt, psychologue, chargée de recherche à TCO, la Confédération des employés et membre de la commission gouvernementale sur le travail à distance. Certains prévoyaient que la moitié des Suédois travailleraient à distance en 2000. En fait, ça a à peine bougé. C'était du vent, beaucoup de marketing de la part de sociétés de télécoms, d'Internet voire de meubles qui voulaient vendre leurs produits. Telia (le France Télécom suédois) avait par exemple constaté que les téléphones domestiques drainaient trop peu de trafic et voyait avec le travail à d