Sur les ruines des industries florissantes du XIXe siècle, Lille
plonge dans le XXIe. Les lainières ont engendré les tissus de haute technologie dont la fibre optique; et la vente par correspondance, issue du textile, poursuit sa mue sur l'Internet. Alors, pour prendre aujourd'hui le pouls du textile, il faut se rendre" au théâtre de Roubaix, situé au bout du boulevard de Belfort, où s'affichent encore les dernières «maisons» qui ont fait la légende du Nord la laine, ses métiers, ses drames. Chaque jeudi soir au deuxième étage, l'union locale CGT y tient sa permanence «textile-habillement-cuir». Les militants échangent les nouvelles: entreprises, sanctions contre les militants, salaires, licenciements, fermetures. Comme celle récente de la Lainière de Roubaix: «Les Pakistanais sont venus racheter les machines.» Pas un mot de plus. Des grosses unités du tissu industriel, il ne reste que la filature Saint-Liévin, à Wattrelos. Aucun autre établissement ne dépasse les 200 employés. Taïeb Azouz, 53 ans, est un rescapé. Il travaille au Peignage La Tossée, à Tourcoing. «Quand je suis entré, il y a vingt-quatre ans, on était 450. On n'est plus que 155 aujourd'hui.» Entre-temps l'entreprise, un des fleurons des «familles» du Nord, est passée entre les mains d'actionnaires américains. «Avec eux, on ne sait pas ce que sera demain. S'ils font la valise, c'est fini.»
Le textile vers le XXIe siècle.
Le textile est toujours le premier employeur de main-d'oeuvre industrielle de la métrop