L'autocrate s'usait, la jeune technocrate cherchait. De Pierre
Mauroy (71 ans) à Martine Aubry (49 ans), Lille resterait socialiste. Imaginé en 1994, le plan arrive aujourd'hui dans sa dernière phase. Si tout se passe comme prévu, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sera maire de Lille. Elle l'a répété encore récemment à Lionel Jospin: «Si je suis élue, je quitterai le gouvernement.» Pierre Mauroy n'est pas homme à se résoudre à la retraite. Il dit souvent à ceux qui le connaissent bien: «La politique, il n'y a que ça qui m'intéresse.» Elle est toute sa vie. Aussi, lorsqu'il met Martine Aubry sur orbite, il la laisse gentiment tourner, sans indication précise sur l'heure de son atterrissage. A mi-mandat? Après la candidature ratée aux Jeux olympiques? Mauroy est toujours là. Et puis en septembre 1998, il déclare devant la fédération socialiste du Nord que la tradition impose à Martine Aubry de se mettre à plein temps à Lille. Ça finit dans les colonnes de la presse nationale. Le tout-Paris bruisse d'un départ anticipé de la ministre. Pierre Mauroy est obligé de téléphoner à Lionel Jospin pour faire marche arrière. Sur LCI, il affirme de sa mine faussement colère: «Je resterai jusqu'au bout de mon mandat.» Ensuite il téléphone à Martine la dauphine: «J'ai noyé le poisson.» «C'est moi que tu es en train de noyer», rigole-t-elle.
Il la bordure, en tout cas. Première adjointe depuis 1995, elle a certes les coudées franches à la mairie, mais c'est parce que Pierre Mauroy,