Longtemps, Lille n'a pas figuré sur la liste des destinations
touristiques. Période révolue. Il a refait sa devanture. C'est le moment de ressortir un vieux cliché pour dépliant touristique: «Terre de contrastes»" ça va bien à Lille. Vous descendez du TGV, côté cossu. A gauche, Euralille, gros centre commercial et d'affaires reluisant de modernité, qui a fait plein de petits «eura» et qui vous signale si vous ne le saviez pas que vous n'êtes plus au pays des ravages de la crise. A droite, les premiers pavés du centre-ville qui a requinqué ses joyaux d'architecture flamande et ouvert la voie au luxe et aux touristes. Lille, ville riche qui s'enrichit. Et Lille toujours populaire, parfois très pauvre. Revenu moyen en 1996: 77 000 F contre 111 000 F à Lyon (Insee). Lille qui chôme: 18%, avec des pointes à 30% dans certains quartiers. Lille qui vit dans le rudimentaire, un Lillois sur quatre habite un logement social. Lille qui boit. Comparé à la moyenne nationale, trois fois plus de femmes de moins de 65 ans y meurent de l'alcool. C'est deux fois plus pour les hommes (1), chiffres surprenants pour une capitale régionale. Lille n'a jamais renvoyé les démunis en dehors de ses murs, ce n'est ni Lyon ni Bordeaux: le logement social est à deux pas du très cossu.
Mais Lille qui ne se plaint pas. Chacun s'accroche à son quartier, comme à son identité. L'habitant de Moulins dit «je vais à Lille» quand il se rend dans le centre, à dix minutes de marche. Et il a tendance à considérer Lil