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Libération

Du végétal à l'humain, peut-on tout breveter?

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par Corinne Bensimon, Axel Kahn et Jeremy RIFKIN
publié le 11 mars 2000 à 22h55

En juillet 1996, naissait Dolly le clone. Trois ans et demi plus

tard, la brebis est brevetée. Le 19 janvier 2000, l'office britannique des brevets a accordé au chercheur Ian Wilmut, du Roslin Institute d'Edimbourg, deux brevets protégeant la technique de clonage et «ses produits». Cette technique consiste à créer un embryon par fusion d'une cellule d'adulte et d'un ovule vidé de son ADN. Les «produits» désignés par ces brevets sont «les animaux non-humains» et les «jeunes embryons humains» obtenus par clonage. La création de clones humains adultes est exclue du brevet. Il reste que, pour la première fois, des embryons humains sont l'objet d'une propriété intellectuelle. Pour Wilmut, il s'agit de rester maître d'une technique futuriste: créer un embryon-clone d'un patient pour en tirer les lignées de cellules à lui greffer, compatibles avec son organisme. Le raisonnement est économiquement correct. Est-il éthique? Chez le végétal, un autre débat a surgi d'entre les décisions des offices des brevets. Des millions d'hectares de plantes aujourd'hui cultivées sont l'objet de brevets parce qu'elles sont transgéniques. Leur destinée est sous le contrôle exclusif d'une poignée d'industriels. Par le jeu des brevets, l'assiette de la planète est entre leurs mains. Le droit du brevet est-il sans frontière? Du végétal à l'humain, réactions de deux experts.

La nature «Un tournant dans l'histoire de l'agriculture» L'ère industrielle a été celle de la transformation des ressources non reno