La morphine était utilisée dans l'Antiquité par les Egyptiens; les
Romains connaissaient l'effet antalgique de l'écorce de saule" Pour combattre la douleur, l'homme a toujours eu des remèdes, certes plus ou moins efficaces. La principale tâche des chercheurs aujourd'hui est de comprendre le mécanisme de la douleur. Comprendre pourquoi certains patients sont plus sensibles que d'autres; pourquoi certaines douleurs persistent après la guérison de la lésion? Le modèle animal n'étant pas probant, ces recherches sont longues et délicates. Et, jusqu'à présent, aucune application thérapeutique vraiment déterminante ne résulte de ces travaux. Pourtant, depuis les années 1960 aux Etats-Unis et 1970 en France, la prise en charge de la douleur progresse. Médecins, chercheurs, psychologues, infirmiers, définissent ensemble de nouveaux modes de traitement. Cette confrontation de diverses approches est l'une des réponses à l'énigme de la douleur. Dans cette optique, nous avons demandé à deux spécialistes, l'une psychanalyste et l'autre sociologue, intervenantes dans le débat «Vaincre la douleur», organisé le 4 mars à la Cité des sciences, de nous apporter leur analyse.
La psychanalyse «De l'animal qui ronge au fantôme qui rôde».
Face à la douleur, chacun est enfermé dans son impuissance: le malade, car il ne peut rien seul, l'entourage, parce qu'il n'a pas plus que le patient les moyens adéquats pour calmer efficacement la douleur, et le médecin, parfois voire souvent, parce qu'il se retrouv