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Libération
Interview

KOSOVO. Pour Tim Judah, journaliste anglais spécialiste de l'ex-Yougoslavie, la paix a laissé trop de problèmes en suspens. ""La guerre n'est pas finie.

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publié le 22 mars 2000 à 23h22

Tim Judah est l'auteur de Kosovo: War and Revenge, publié par Yale

University Press, à paraître demain à Londres. Ce journaliste, qui a couvert depuis dix ans les guerres de l'ex-Yougoslavie, avait également publié en 1997 The Serbs: History, Myths ans the Destruction of Yugoslavia.

L'opération menée l'an dernier par l'Otan au Kosovo a-t-elle été un succès?

Elle a été un succès dans la mesure où elle a mis un terme à la répression et à la domination serbes au Kosovo, mais l'opération de l'après-guerre est jusqu'ici un demi-échec.

Le problème du Kosovo n'est donc pas réglé?

Il s'agit en fait d'une guerre non achevée puisque plusieurs problèmes sont restés en suspens. Il y a la question des Serbes en tant que minorité au Kosovo. Il y a la question des Albanais à l'extérieur du Kosovo. Nous voyons un nouveau conflit poindre le long de la frontière orientale du Kosovo. Il y a aussi la question de Mitrovica, toujours divisée entre Serbes et Albanais. Mais le problème fondamental est la nature contradictoire de la résolution 1 244 du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis un terme au conflit. Ce document plaide pour une autonomie substantielle du Kosovo à l'intérieur de la Yougoslavie alors qu'une vaste majorité de la population albanaise n'acceptera jamais que le Kosovo retourne d'une façon ou d'une autre au sein de la Yougoslavie. A long terme, le Kosovo deviendra sans doute indépendant, ce que ne souhaitent pas les Serbes du Kosovo, mais c'est la seule solution réaliste. N