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Libération

EMPLOI. Ces boîtes où il fait bon vivre. France. La pyramide sans chefs. Fabricant de drapeaux, l'entreprise Doublet mise sur l'autonomie des salariés.

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publié le 27 mars 2000 à 23h15

Lille, envoyée spéciale.

Chez Doublet, près de Lille, on ne parle ni de salariés, ni d'employés. Dans cette entreprise familiale, numéro un mondial dans son secteur (drapeaux, banderoles, gradins ou tribunes), la hiérarchie est un gros mot. Sur les cartes de visite, aucun titre n'est imprimé, il n'y a ni secrétaire, ni petite main pour distribuer les fax. Chacun tape, envoie ses courriers, la signature d'un supérieur hiérarchique n'est pas nécessaire. «Je vois l'entreprise comme une somme d'artisans dont les bureaux seraient des échoppes. Chacun maîtrise son temps et son information.» Celui qui parle est Luc Doublet, président de la société, maître des lieux, tête chercheuse aux idées foisonnantes, personnage fantasque et mondain, aimant discourir mais sachant écouter. Son entreprise (200 personnes avec les filiales à l'étranger) est à son image: complexe et contradictoire.La société est hébergée dans une pyramide de verre pointant haut dans le ciel son sommet. «Chez Doublet, la notion de hiérarchie n'a pas de sens, insiste Philippe Vandenbulke, anthropologue-consultant qui ausculte régulièrement l'entreprise, mais le pouvoir est fortement incarné et centralisé dans les personnes de Luc et de son épouse.»

Fondus dans l'univers de tuyauterie apparente et de plateaux ouverts, les deux dirigeants ont le même box-bureau que leurs voisins. Pas de cloisons ni de barrière, ils partagent l'un des attributs essentiels de leur position: «Le pouvoir, c'est d'avoir des informations que d