Dans les années 80-90, le rapport au travail était plutôt
individualiste et matérialiste. Le salarié mesurait son bien-être à l'épaisseur de sa fiche de paie et à l'étendue de ses responsabilités. L'entreprise exemplaire soignait salaires et plans de carrière. Et lorsqu'elle en avait les moyens se prétendait citoyenne. Pas vis-à-vis de ses salariés, mais des déshérités du dehors. A l'aube de l'an 2000, après la secousse sismique de la crise, ce modèle a vécu. L'aspiration à ne plus sacrifier sa vie privée à l'entreprise, à travailler autrement - un job que l'on aime dans un environnement professionnel pacifié sans trop de stress et avec un chef respectueux : voilà ce qui ressort des sondages d'opinion. Bref, tout le monde veut travailler moins et mieux. Les conflits liés au harcèlement moral, nombreux ces derniers mois, l'ont bien montré. Jusque-là réservé aux rubriques santé des magazines, le mot «bien-être» tente une percée dans certaines entreprises. Un jardin zen pour se détendre dans une usine au Brésil, un cadre beau et lumineux comme la Toscane pour fabriquer du cachemire, une société de nettoyage fonctionnant sans protocole, ni horaires figés en Finlande (lire pages suivantes). Certaines entreprises glorifient ainsi le beau et l'agréable, au nom de leurs salariés. Aux Etats-Unis, le bien-être (well- being) est même devenu un mot d'ordre. Une étude menée par le cabinet de conseils en ressources humaines, William M. Mercer, indique que «neuf sociétés américaines sur