Menu
Libération

EMPLOI. Chronique de la vie d'artisan. Dans le pétrin.

Article réservé aux abonnés
publié le 17 avril 2000 à 0h01

Michel, 47 ans, est boulanger dans une station de sports d'hiver.

Son entreprise est passée aux 35 heures et il a l'impression d'un immense retour en arrière.

«Depuis que mon entreprise applique la réduction du temps de travail, les choses vont de pire en pire. Ma première paie «35 heures» m'a réservé une belle surprise: 200 francs de moins qu'avant. Mon patron m'avait accordé cette augmentation de 200 francs lorsque j'avais menacé de le quitter, il y a quelques mois, parce que je gagnais moins de 6 000 francs pour bosser la nuit tout seul dans mon fournil" Alors, depuis, avec un trombone, il accrochait un billet de 200 balles à ma fiche de paie. Je sais bien que c'est illégal, mais bon, je ne disais rien. C'était toujours ça de pris. Je ne me suis pas rendu compte que ce billet, mon patron en faisait ce qu'il voulait. Sur ma première paie, un Post-it jaune le remplaçait, m'annonçant que pour cause de RTT mon augmentation ne pouvait être maintenue, modération salariale oblige. «Je me retrouve donc avec le même salaire que le jeune de 20 ans qu'on vient d'embaucher. La prime d'ancienneté a sauté dans la foulée, trop chère elle aussi. Et en plus, maintenant, je travaille au coup de sifflet: c'est les effets de l'annualisation. En station, la charge de travail n'est évidemment pas la même pendant et en dehors des vacances scolaires. Maintenant, dès que les bambins sont en vacances, on me siffle: il faut plus de pain pour les sandwiches des vacanciers. Quand ils repartent, on me